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Page:Mémoires de l’Académie de Stanislas, 1863.djvu/86

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publier ses œuvres. Joubert recherchait surtout la beauté de la pensée, comme l’expression de la beauté de l’âme et de la vie ; et il dut, sans trop d’efforts, trouver en lui-même, ou dans les affections de famille et les douceurs de l’amitié, la récompense qu’il préférait à toute autre. Mais en même temps il avait laissé dans le cœur de ses amis une empreinte profonde et un souvenir durable. En 1838, quatorze ans après sa mort, au milieu d’une génération nouvelle, Châteaubriand, avec l’autorité qui s’attachait à son nom, vint lui payer le tribut d’une juste reconnaissance en publiant une partie de ses pensées, de concert avec sa veuve, mais seulement à un petit nombre d’exemplaires, destinés à des lecteurs choisis. C’est ainsi que commença l’œuvre de cette renommée qui s’est accrue depuis, et qui mérite bien de s’accroître encore.

Mais la mémoire de Joubert avait droit à un monument plus complet. C’était une tâche que rendait difficile la confusion des écrits et des notes sans nombre qu’il avait laissés. M. de Raynal, son neveu par alliance, vint remplir ce saint devoir ; et, digne à tous les titres de l’honneur d’un tel travail, à force de lumières et de persévérance, il s’en est acquitté avec un plein succès. Grâce au classement le plus habile, la pensée de Joubert nous est montrée aujourd’hui sous toutes ses faces ; et nous pouvons étudier à loisir ce rare esprit qui avait, dit Châteaubriand, une prise si forte sur tous ceux qui l’approchaient. Grâce au pieux dévouement de son ne-