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Page:Mémoires de l’Académie de Stanislas, 1863.djvu/87

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veu, il n’aura pas passé dans la vie comme d’autres qui, en aimant aussi la vérité, et regardant souvent vers l’auteur du bien et du beau, s’en sont allés tenant, comme a dit le poëte, leurs enfants par la main. Il y a même une touchante harmonie entre la vie si pure de de Jaubert, et le doux éclat qui s’est ainsi échappé de sa tombe, pour rayonner sur sa mémoire.

Par toute sa jeunesse, Joubert, qui est né en 1754 et qui a vécu soixante-dix ans, appartient au dix-huitième siècle. Cependant, c’est à l’époque du consulat, au moment où se lève cette étoile de Châteaubriand, chère à Joubert, et saluée par lui comme l’espérance du siècle, que son rôle littéraire devient intéressant, et que sa pensée, mûrie par de longues méditations, agrandie par le spectacle des temps de révolution, va se porter de préférence sur l’étude des vérités morales et religieuses, qu’il crut toujours inséparables du génie des lettres.

Je passerai rapidement sur la première partie de sa vie. Des temps nouveaux, des idées de régénération littéraire, des vues plus larges, et la rencontre de sa carrière avec celle de Châteaubriand, au moment même où cette gloire nouvelle allait se révéler, donneront à la seconde un intérêt plus vif, et, en quelque sorte, plus d’espace et de grandeur. Cependant, lorsqu’il s’élevait ainsi, semblable à ces sages de l’antiquité dont les années épuraient sans cesse l’intelligence, il aimait à se reporter aux souvenirs de l’enfance et de la jeunesse. Pourquoi ne dirai-je pas, avec M. de Raynal, et comme