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Page:Mémoires de l’Académie de Stanislas, 1864.djvu/62

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appelle la vue à distance. Quand un magnétisé parvient à décrire un lieu éloigné, soyez persuadés qu’il fait seulement un effort prodigieux de mémoire dont il serait, du reste, incapable dans l’état physiologique ordinaire. Il voit, non pas parce que ses yeux, traversant l’espace et perçant tous les obstacles, ne rencontrent plus de bornes capables de limiter leur sphère d’action ; la forme sphérique de notre globe terrestre et les lois de la propagation de la lumière viendraient encore ici ridiculiser une pareille prétention. Il voit, parce qu’il se souvient de choses qu’il croit n’avoir jamais vues, mais qui ont frappé autrefois ses yeux sans fixer son attention, et ont laissé dans son cerveau des traces, des germes latents que la concentration spéciale de son esprit et les sollicitations de son interlocuteur font éclore tout à coup. Aussi quand ces sensations inconscientes n’ont pas été acquises antérieurement, le hasard et l’imagination du sujet peuvent seuls lui faire faire quelques suppositions justes. Ceci explique pourquoi la prétendue lucidité manque si souvent chez les somnambules qu’on interroge sur la disposition des lieux qu’ils n’ont jamais vus, ou dont ils n’ont jamais entendu la description. On met sur le compte d’une mauvaise disposition ce qui tient seulement à ce que, en l’absence de connaissances acquises, l’esprit produit au lieu de reproduire, et se laisse aller à des caprices que la raison, troublée par l’état magnétique,