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Page:Mémoires de l’Académie de Stanislas, 1864.djvu/99

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LE BERGER ET CÉSAR[1].

Fortunatus et ille deos qui novit agrestes
Panaque sylvanum que senem nymphasque sorores.

Virgile. Georg. liv. 11.

Le vent qui vient de Rome, en se jouant, caresse
Aux bords du Rubicon, les flexibles roseaux,
Et le saule argenté dont le sommet s’abaisse
Comme pour se mirer dans le cristal des eaux ;
Avec un doux murmure, il fait sur son passage
Onduler mollement l’herbe verte des prés,
Et frissonner le tremble au mobile feuillage ;
Il soulève parfois les longs cheveux dorés
Du pâtre adolescent, qui, couché sur la rive,
Enfle ses chalumeaux aux rustiques accents,
Et ne demande rien que sa chanson naïve
Pour charmer son repos et ses jeux innocents.

  1. Il y a quelques années, M. Gérôme exposa un tableau représentant César au moment de passer le Rubicon. Le futur Dictateur est à cheval et immobile. Un jeune pâtre, assis sur la rive, le regarde avec une curiosité inquiète. La brise soufflant du point vers lequel César va se diriger, courbe les herbes du fleuve et semble vouloir faire rétrograder le général rebelle.