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Page:Mémoires de l’Académie de Stanislas, 1874.pdf/119

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séance publique du 27 mai 1875.

boliques[1]. C’étaient ces insensibilités partielles de la peau qui s’observent dans l’aliénation mentale. Le chirurgien restait debout auprès du patient, pour régler la question d’après ses forces, pour en atténuer les suites ; triste rôle, meilleur que celui du juge ; il représentait au moins l’humanité dans ces affreuses scènes[2]. L’opinion publique d’ailleurs n’hésitait pas, elle se prononçait contre les victimes ; les souverains essayaient en vain de modérer les poursuites. Un doyen de la faculté de

  1. Il est dit dans le jugement rendu contre André Desbordes : « Sur les conclusions préparatoires du procureur général, à fin de razemement, visitation et sonde du dit Desbordes, pour reconnoître s’il avoit sur son corps quelques marques insensibles et diaboliques, deux chirurgiens furent chargés de constater la marque que le démon imprimoit à ceux qui avoient eu des rapports avec lui. » Les comptes indiquent un salaire de 18 francs payé, en 1624, au chirurgien qui avait visité et montré la marque tenue pour suspecte. Une fille impliquée dans l’affaire du médecin Charles Poirot, eu 1622, avait déclaré qu’elle s’était rencontrée avec Desbordes au sabbat. (V. Henri Lepage, André Desbordes, épisode de l’histoire des sorciers en Lorraine. Nancy, 1857.)
  2. Les archives départementales de la Meurthe, B. 1639, comptes de 1703 à 1719, contiennent une note des honoraires dus à Charles Bagard, doyen des médecins de Nancy, pour avoir assisté à la question ordinaire et extraordinaire donnée à dix-sept personnes, qu’il a ensuite visitées et soignées. La durée de l’assistance était de quatre à cinq heures. Le médecin demande 7 fr. par séance ; la taxe le réduit à 30 sous pour l’assistance, et à 15 sous pour les soins ultérieurs ; il lui est recommandé à l’avenir de faire ses mémoires par année. Le mot des Plaideurs, acte III, scène iv, en 1668, s’explique par les mœurs du temps.