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notice sur la vie et les ouvrages

Le problème des longitudes occupait les savans et les artistes de la France et des pays étrangers. Lacaille, dans un voyage au cap de Bonne-Espérance, avait éprouvé la méthode des distances de la lune au soleil et aux étoiles, et à son retour, il avait proposé la forme d’almanach nautique, adoptée aujourd’hui par toutes les nations qui ont des astronomes et une marine. Lemonnier et Pingré cherchaient à accréditer la méthode des angles horaires ; Maskelyne appuyait de son expérience et de son crédit le plan proposé par Lacaille ; Mayer venait de publier ses premières tables lunaires, et travaillait à celles qui lui valurent un prix de 62000 fr., c’est-à-dire la moitié de la somme promise par un acte du parlement d’Angleterre ; Euler, Clairault, d’Alembert, travaillaient à perfectionner la théorie des mouvemens de la lune ; Harrison, Berthoud et Le Roi s’appliquaient à trouver par l’horlogerie une solution du problème qui fût plus à la portée du commun des navigateurs, en les dispensant de la partie la plus longue et la plus difficile, c’est-à-dire des observations et sur-tout du calcul.

Dans cette fermentation générale des esprits, M. de Fleurieu ne pouvait rester indifférent sur un objet qui intéressait aussi essentiellement l’art auquel il s’était spécialement consacré. Son goût le portait vers la mécanique plus que vers l’analyse ou le calcul ; il dirigea ses pensées vers les secours que la navigation pouvait espérer de l’horlogerie, et il avait conçu l’idée d’une montre marine.

Ses projets étaient connus de M. le duc de Choiseuil, qui, appréciant son mérite et son zèle, le fit venir à Paris pour qu’il pût y suivre et mûrir ses idées, en acquérant les connaissances pratiques sans lesquelles ses efforts ne pouvaient être qu’infructueux. F. Berthoud l’admit dans son atelier, le forma dans l’exercice de son art, lui fit confidence de ses inventions, et n’eut pour lui aucun secret.