Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 12.djvu/11

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discours ; chaque fois qu’il rentrait à l’école, ses petits camarades l’entouraient, ils se pressaient, ils oubliaient tout pour l’entendre raconter ce qu’il venait de voir. Ses lectures ne l’agitaient pas moins que ses observations : à peine une traduction d’Homère lui fut-elle tombée sous les yeux, qu’il se mit à composer aussi une épopée dont Diomède était le sujet ; composition, dit un de ses anciens condisciples, fort incorrecte et qui ne manquait de fautes ni contre les règles, ni contre le goût, mais pleine de vie, d’incidents variés, et où se déployaient une richesse d’invention et une liberté d’exécution qui annonçaient un vrai poète.

Cependant il fallait prendre un état plus sérieux, et sa mère le mit en apprentissage à quinze ans chez un pharmacien nommé Borlase, probablement de la même famille que l’ecclésiastique ministre de la paroisse de Ludgvan, à qui l’on a dû, sur l’histoire naturelle et sur les antiquités du comté de Cornouailles, deux ouvrages encore aujourd’hui précieux par les documents dont ils sont remplis. Ce pharmacien, comme tous ceux d’Angleterre, exerçait aussi la chirurgie et la médecine. Le jeune Davy était souvent obligé de visiter pour lui ses malades ou de leur porter des remèdes, courses très-conformes à ses premiers goûts et qui ne faisaient que les rendre plus vifs. En parcourant ces riches paysages, il récitait à haute voix des vers d’Horace ou les siens ; car il en avait déja fait beaucoup. C’est de ce temps que date son ode au mont Saint-Michel et son poëme sur Mounts-Bay, deux de ses meilleures pièces de vers. Le jeu que ses promenades solitaires laissaient à un esprit aussi actif, l’avait aussi jeté dans la métaphysique, et autant que l’on peut en juger par quelques lettres et par des stances faites à cette époque, et