Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 12.djvu/117

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animal vivant dans une contrée où j’avais pénétré, et il était entré dans mes vues comme dans mes devoirs de naturaliste voyageur, de le comprendre dans mes travaux sur cette terre classique, de le montrer mêlé dès la plus haute antiquité à tous les récits, jouant un rôle dans la politique des peuples, ayant des habitudes dont on avait introduit l’esprit dans les législations civile et religieuse. Or, ces devoirs, je les ai remplis avec charme et en y appliquant toute la portée de mon esprit. Je suis obligé d’en faire moi-même la remarque, parce que mon travail, vraiment très-étendu, considérable surtout par la variété des sujets et dans lequel je m’étais attaché à faire ressortir des faits de mœurs et d’organisation fort extraordinaires, a passé à-peu-près inaperçu, quand je l’ai eu déposé dans le grand ouvrage sur l’Egypte.

Je ne rappelle ces circonstances que pour avertir qu’il fut donc un moment dans ma carrière zoologique où j’obtins, peut-être plus qu’aucun autre naturaliste, un sentiment exquis, une connaissance approfondie des formes vraiment merveilleuses et des affinités naturelles des crocodiles, et de leur droit par conséquent à l’isolement dans nos subdivisions classiques.

C’est sur ces entrefaites que l’on vint à annoncer que les terres de France, et principalement les carrières des confins maritimes de la basse Normandie, recélaient des débris de crocodiles. Ce point étant constant, alors se reproduirait le fait des éléphants, où une moitié des espèces se serait maintenue et aurait persévéré jusqu’à nos jours, quand l’autre aurait été atteinte et détruite par des bouleversements diluviens. Cependant, que les crocodiles aient fourni de ces faits analogiques, peut-être était-ce même déja a priori, le