Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 12.djvu/13

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mais légère et purement pratique, qui ne pouvait devenir un sujet de conversation avec un savant. Quelqu’un à qui il parla de son projet, lui prêta la Chimie de Lavoisier, traduite en anglais. En deux jours, il l’eut dévorée, et, ce qui est bien remarquable, dès ce moment, ignorant encore toutes les objections que Priestley et d’autres de ses compatriotes faisaient contre la théorie exposée dans ce célèbre ouvrage, il déclara qu’il concevait une autre explication des phénomènes et s’occupa sérieusement de la développer. De vives discussions qu’il eut à ce sujet avec M. Watt, ne firent que l’affermir dans sa résolution : le poète, le métaphysicien se décida à devenir tout-à-fait chimiste. Dans l’état de sa fortune, ce n’était pas une petite entreprise que de se procurer seulement les instruments nécessaires ; mais ici, comme dans ses autres études, son courage et son esprit subvinrent à tout.

De vieux tuyaux de pipe, quelques tubes de verre achetés d’un marchand de baromètres ambulant, formèrent ses premiers appareils. Le chirurgien d’un navire français, échoué près de Lands End, lui montrant ses instruments, il y remarqua un ustensile fort vulgaire chez nous, et d’un usage peu noble, dont apparemment la forme diffère dans les deux pays ; concevant aussitôt la possibilité d’en faire la pièce principale d’une machine pneumatique, il la demanda avec instance, l’obtint et la consacra en effet à cette destination bien imprévue sans doute du fabricateur. C’est ainsi que, pour beaucoup de grands hommes, le malaise a été le meilleur maître.

Les leçons qu’il avait données en cette occasion ne furent pas perdues. Pendant toute sa vie, M. Davy a continué à faire ressource de tout pour ses recherches ; et la simplicité