Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 12.djvu/17

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Il fit cependant une expérience plus périlleuse encore, en respirant la vapeur du charbon ; mais celle-là ne lui procura que de la douleur et de l’oppression ; et peut-être ces essais téméraires n’ont-ils pas peu contribué à préparer la prompte altération que son tempérament éprouva, et la mort prématurée qui en a été la suite.

À cette époque, Bristol était rempli d’une jeunesse ardente, amie des nouveautés, qui ne s’en cachait point, et dont les discours, au milieu des divisions que la révolution française excitait en Angleterre, avaient fait regarder cette ville comme le foyer principal de la démocratie.

Dans l’espèce de plan qu’avaient formé ces jeunes gens, et ceux avec qui ils correspondaient dans diverses parties du royaume, de faire arriver leurs amis aux postes les plus propres à leur procurer la faveur du public, ils résolurent de faire leurs efforts pour porter leur jeune professeur sur un plus grand théâtre. Le comte de Rumford, notre ancien confrère, venait d’établir à Londres l’Institution royale destinée à répandre dans les classes supérieures de la société les découvertes utiles des sciences. Peu accommodant de son naturel, il avait déja rompu avec son professeur de chimie, le docteur Garnett ; on imagina de lui proposer Davy, et l’on s’empressa de le faire venir et de le lui présenter.

Chacun se souvient que parmi les grandes et nobles qualités du comte de Rumford, ce n’était point par l’affabilité qu’il brillait ; à l’air presque enfant du candidat, qui a toujours paru plus jeune qu’il n’était réellement, à ses manières un peu provinciales, à quelques restes d’accent de Cornouailles, il devint plus glacial encore que de coutume ; et la timidité de M. Davy, augmentant par un tel accueil,