Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 12.djvu/18

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ne raccommoda point l’effet de son début. Ceux qui l’avaient amené eurent besoin de beaucoup d’art et de sollicitations pour lui obtenir la tolérance de donner, dans une chambre particulière de la maison, quelques leçons sur les propriétés des gaz ; mais il n’en fallait pas davantage. Dès la première, la variété de ses idées, leurs ingénieuses combinaisons, la chaleur, la vivacité, la clarté, la nouveauté mème de leur exposition, tout ce que les talents réunis du poëte, de l’orateur et du philosophe pouvaient prêter de charmes à l’enseignement du chimiste, enchantèrent le petit nombre de ceux qui s’étaient hasardés à venir l’entendre. Ils en parlèrent aussitôt avec tant d’enthousiasme, qu’à la seconde, la pièce qu’on lui avait accordée ne put contenir l’affluence qui se présenta, et que l’on se vit obligé de transférer son cours dans le grand amphithéâtre de l’établissement.

L’Institution royale était suivie alors par ce que la Grande-Bretagne avait de plus élevé dans les deux sexes, en naissance et en esprit ; des dames du plus haut rang en suivaient les leçons, aussi bien que les plus grands seigneurs et les jeunes hommes les plus distingués.

La jeunesse d’un professeur à peine sorti de l’adolescence, sa jolie figure, ses manières ingénues ne contribuèrent pas moins que sa vive éloquence à lui concilier l’affection d’un pareil public. En peu de temps il devint si fort à la mode, qu’une soirée ne paraissait pas complète lorsqu’il y manquait. Ce fut dans son existence une révolution totale, et, dans cette subite prospérité, il ne lui fallut pas moins de courage pour continuer ses travaux, qu’il ne lui en avait fallu dans son malheur pour les entreprendre. Quelques-uns même prétendent qu’il se laissa éblouir par l’accueil du