Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 12.djvu/19

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grand monde plus qu’il ne convenait à son génie et à sa position. Mais quel est l’homme qui, à vingt ans, aurait mieux résisté à une pareille épreuve ? Ce ne fut pas du moins à la science qu’il renonça ; et, au milieu des plaisirs dont à son âge il était si naturel de vouloir jouir, il ne cessa pas un instant de multiplier les titres qui les lui avaient procurés. On ne peut guère se dissimuler, toutefois, que sa distance des sociétés qui étaient devenues pour lui un besoin, cette barrière terrible que rien dans son pays ne peut renverser, ne l’ait affecté profondément et n’ait troublé sa vie. On aperçoit des traces de ce sentiment pénible jusque dans le dernier de ses écrits, dans celui auquel il travaillait encore quelques jours avant sa mort, et qu’il intitule Consolations, parce que des consolations, au milieu des triomphes de son génie, lui furent, en effet, sans cesse nécessaires.

Qui aurait dû cependant se trouver plus heureux ? Depuis son premier cours régulier, qui commença en mai 1801, une continuité de leçons, d’expériences, de découvertes, qui se sont succédé avec une rapidité inouïe, et qui ont éclairci les branches les plus importantes de la physique et de la chimie, qui en ont essentiellement modifié les doctrines, qui en ont fait les applications les plus heureuses et les plus inattendues aux besoins de la société, ont attiré à Jeur auteur l’admiration du monde civilisé et la reconnaissance de son pays. Nommé membre de la Société royale en 1803, et son secrétaire en 1806 ; chargé par le bureau d’agriculture d’enseigner les applications de la chimie à cette branche de l’économie publique ; uni en 1812 à une épouse riche et de l’esprit le plus élevé ; fait, la même année, chevalier par le prince régent, le premier auquel il ait accordé cet a