Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 12.djvu/198

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maintenues chez tous les animaux indistinctement, pour s’accommoder de l’invasion d’un accident de monstruosité ; que de renseignements à puiser là au profit des recherches pour le système des faits différentiels ! Cette monstruosité phénoménale en ce qu’elle sort victorieuse de tout effet de perturbation et qu’elle est perpétuée par voie de génération, forme un fait appréciable dans son motif. Le museau de la taupe employé à fouiller, est consacré à un exercice très-laborieux : il grandit démesurement ; et avec lui croissent toutes ses parties voisines, spécialement tout l’organe olfactif. Mais l’appareil nasal n’acquiert un développement hypertrophique qu’en soumettant l’organe qui le suit aux conditions de la plus facheuse atrophie : c’est l’oeil qui éprouve ce mécompte, mais de plus, qui le ressent, non pas seulement en devenant démesurement petit, mais encore en étant privé de ses communications immédiates avec le cerveau. Le nerf optique ne parvient point aux lobes optiques (tubercules quadrijumeaux), le grossissement du museau et de l’appareil olfactif s’y oppose, en lui barrant le passage : ce nerf se répand d’abord sous la peau en côtoyant le nerf de la cinquième paire, et en définitive, il s’y réunit, au moment où celui-ci, porté à un volume extraordinaire, entre dans la cavité du crâne. Ainsi, il n’est pas dans l’histoire organique de la taupe un seul fait de diversité qui ne révélât son motif : tous les as différentiels de cette organisation curieuse s’expliquent réciproquement les uns par les autres.