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mêmes matériaux composants, c’est-à-dire la direction imprimée par le principe de l’unité de composition ; et 2o  les relations mutuelles et toujours harmoniques entre toutes les parties, ou autrement l’intervention du principe des connexions, Mais d’ailleurs, quant à ces deux circonstances de l’état des matériaux, la possibilité[1] de beaucoup de modifications deve-

  1. Je parle de cette possibilité sous l’inspiration de l’un des deux systèmes concernant la formation des êtres : que je m’explique sur le motif de cette préférence.

    Des deux théories sur le développement des organes, l’une suppose la préexistence des germes et leur emboîtement indéfini : l’autre admet leur formation successive et leur évolution dans le cours des âges. Selon le système d’un emboîtement indéfini, les êtres sont et restent durant les siècles ce qu’ils ont toujours été : de là on a conclu que les formes animales étaient inaltérables. Cependant des métamorphoses, qu’on croit opérées par une espèce de déboîtement et où l’on ne pense qu’à constater un rapport du petit au grand, n’est-ce pas réellement sortir du champ de l’observation ? Cette manière hypothétique de considérer l’organisation des animaux en abrége beaucoup l’étude. Effectivement elle dispense de la recherche de tous les rapports qui naissent de la variation continuelle des êtres vivants, à mesure que s’en fait le développement. Il y a mieux, elle dispense au besoin de toute philosophie. On reste fidèle, il est vrai, à l’énonce du point de départ, en ne remontant pas plus haut que le fait de l’apparition des choses : enfin dans ce système, on s’en tient à constater que les êtres existent ; puis, saisissant une circonstance caractéristique, à les voir différents. C’en est assez pour les rechercher et pour les considérer comme bons à décrire et à classer. L’Histoire naturelle, comme elle a été entendue et poursuivie jusqu’à ce jour, est, à peu près, tout entière sortie de ce système d’idées. En bornant ses considérations à l’infiniment petit et à l’infiniment grand, les travaux à produire, loin de faire connaître la beauté, la puissance et l’harmonie de la nature, ne sauraient aboutir qu’à nous étonner par le spectacle confus de son ensemble. Voyons