Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 12.djvu/257

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Dans d’autres circonstances, au contraire, les os en se ramollissant s’étaient tuméfiés et avaient eux-mêmes plus de volume en diverses parties, ou dans leur totalité, sans avoir plus de poids : c’est ce que j’ai reconnu dans quelques squelettes de personnes mortes de la goutte et qui en avaient éprouvé de violents accès, et ensuite de vrais redoublements, la fièvre étant devenue continue, lente, avec de longs et grands écoulements des articulations arthritisées, au point que de pareils sujets avaient les os moins pesants, surtout ceux que la goutte avait affectés plus particulièrement.

J’ai trouvé deux ou trois fois des fragments d’os dans les cavités longitudinales du tibia et de l’humérus des goutteux au point qu’il y avait dans ces os, dont les corps étaient très-tuméfiés, une espèce de fourreau, inégalement durci et ossifié, contenant des portions d’os qu’on entendait ballotter quand on les secouait.

Tel était l’humérus que j’ai démontré dans mes cours au Jardin du roi en 1768, en l’absence de Ferrein, professeur d’anatomie ; il appartenait à Morand père, qui me le prêtait pour ce jour - là seulement de ma démonstration cet os était percé de quelques trous, à la faveur desquels on voyait l’os séquestré. Morand l’avait fait acquérir à la vente du cabinet de Cheselden, très-grand chirurgien d’Angleterre ; cette pièce anatomique est aujourd’hui entre les mains de M. Ribes.

Mais, depuis cette époque, que de belles découvertes les grands chirurgiens n’ont-ils pas faites sur la dégénérescence des os, sur le séquestre surtout ! particulièrement M. Troia, médecin de Naples, qui suivait assidûment mes cours, où il m’avait entendu parler des maladies de la substance des