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os ; ce jeune homme imagina de percer les os de quelques chiens et chats vivants, et de quelques oiseaux plus ou moins gros ; il insinua dans ces trous un fil de fer pour désorganiser la moelle ; il y fit même quelques injections qui parvenaient dans leurs cavités ; et c’est par cet artifice qu’il altéra les os et la moelle diversement, et de la manière la plus étrange[1].

Je dirai de plus que j’ai souvent examiné les os des goutteux, soit avant que je publiasse mon travail sur le rachitisme, soit après ; et j’ai reconnu qu’ils avaient généralement et plus souvent augmenté de volume sans augmenter de poids ; j’ai vu que si en général ils étaient ramollis en proportion de cette augmentation de volume, ils étaient d’autres fois non-seulement sans cellules, mais solides et concrétés comme du marbre , tandis qu’ils étaient ramollis dans d’autres endroits, dans le même os, ou dans d’autres parties du corps.

La cavité des deux premiers os du métatarse du pied droit, était sans moelle et entièrement oblitérée dans un goutteux que j’ai ouvert. Ce qui prouve que tantôt le vice arthritique peut altérer les os d’une manière, et tantôt d’une autre ; quelquefois seulement les os du carpe, ou ceux du tarse, sont tellement réunis, qu’il est difficile, même impossible de les séparer sans les briser.

Tel est le résultat des altérations que j’ai observées dans les os des goutteux, lors surtout que les douleurs rhumatis-

  1. De novorum ossium regeneratione, Paris, 1776, in-8o. Cet ouvrage a été dédié à Lieutaud ; il est aussi honorablement cité dans l’article necrose par M. Ribes, Dictionnaire des sciences médicales.