Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 12.djvu/262

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sympathiques, comme on s’en est quelquefois convaincu par des autopsies, ainsi qu’on le prouvera dans ce mémoire.

J’ajouterai qu’on a souvent reconnu dans les organes affectés de la goutte des érosions et même des suppurations, et que j’en ai moi-même rapporté de nombreux exemples.

Parmi ces débris morbides, on découvre fréquemment, une substance pulvérulente, qui ne peut être considérée que comme du phosphate de chaux en poussière, soit primitive, soit consécutive à l’ossification ; les petits vaisseaux capillaires des diverses parties sont souvent pleins de sang ; tellement que les parties en sont endurcies et altérées, ce qui sans doute a fait dire à notre Montaigne que lorsqu’un homme mourait, il était déja mort dans une infinité d’autres parties de son corps.

Nous ajouterons que Guillaume Harvée, l’immortel auteur de la découverte de la circulation du sang[1], ayant assisté, par ordre du roi d’Angleterre dont il était le premier médecin, à l’ouverture du corps de Thomas Parr, mort à l’âge de 152 ans et 9 mois révolus, il avait reconnu, dans les diverses parties du corps de ce merveilleux vieillard, une quantité de substances concrétées et pulvériformes, sans doute phosphatiques[2], qui en épaississait et en durcissait les diverses parties fluides et solides. L’éloquent et savant Mead en fait, avec son talent ordinaire, un ta-

  1. Harvée fut d’abord premier médecin de Jacques Ier, ensuite de Charles Ier, qui fut décapité en 1649.
  2. L’autopsie de ce vieillard a été insérée à la suite de l’ouvrage de Jean Bettus, De ortu et naturâ sanguinis, Londini, 1699, in-8o.