Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 12.djvu/271

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l’élabore jusqu’à ce qu’il soit lui-même entièrement développé et durci ; alors cet excédant de phosphate se porte d’abord, non-seulement dans les membranes des articulations, mais encore dans la tunique interne des gros vaisseaux, des ventricules et des oreillettes du cœur, ainsi que dans ses valvules, enfin dans toutes les parties qui peuvent s’ossifier.

Quelquefois il y a une espèce de gaz arthritique (peut-être le premier rudiment de son phosphate de chaux) qui se transporte d’un foyer, à telle ou telle autre partie du corps, et si rapidement qu’on ne pourrait le croire, si des exemples ne le confirmaient. J’ai rapporté dans un de mes mémoires celui d’une ophtalmie survenue à madame Verthamond, qui fut très-effrayante. Cette dame, sujette depuis long-temps à la goutte, en avait un accès des plus violents au pied droit, dont les douleurs s’étaient subitement apaisées ; elle éprouva bientôt après une si prompte ophtalmie à l’œil du même côté que le globe en fut détruit en peu de jours par une sorte d’érosion, quoique les paupières se fussent conservées dans leur état d’intégrité. Nonobstant mes soins et ceux de Grandjean, l’oculiste alors le plus souvent consulté de Paris, cette dame avait éprouvé, après les premiers accès arthritiques, une extrême tuméfaction avec induration du sein droit, ainsi qu’un goître considérable et effrayant qui était très-diminué.

J’ajouterai que j’ai vu, avec M. Salmade, un seigneur allemand (logé à l’hôtel Molé, rue St. - Dominique), atteint d’une goutte à l’un des pieds, et dont les douleurs cessèrent aussi très-vite, par un prompt ramollissement des deux os du bas de la jambe, et de ceux qui formaient le pied ; ces parties étaient devenues si molles qu’elles étaient comme de la