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soumis à l’opération de la taille, ou à la cystotomie, il n’y eût succombé.

Son corps fut ouvert le 16 avril 1788 en ma présence et en celle de MM. Girardin, de Retz, et Faujas de S.-Fond, professeur de géologie au jardin du Roi. On trouva la vessie en état d’inflammation avec trente petites pierres, et un épanchement d’eau dans la poitrine et dans d’autres parties du corps.

Quant à M. d’Alembert que jouissait d’ailleurs d’une bonne santé et qui n’était âgé que d’environ soixante ans, je lui conseillai de recourir à la chirurgie, d’autant plus qu’il faisait usage des remèdes lithontriptiques qui irritaient la vessie, sans aucune diminution des calculs. Mais il ne voulut point se soumettre à l’opération, et il mourut avec une grosse pierre dans la vessie et avec inflammation de ce viscère que Vicq-d’Azyr observa et dont il entretint notre Académie.

Je pourrais encore dire que M. Dreyer, ambassadeur du roi de Danemark, dont j’étais le médecin, s’était long-temps plaint d’éprouver des douleurs arthritiques aux pieds et aux genoux, quoiqu’il marchât très bien et qu’il n’eût aucune altération sensible dans ces articulations, lorsqu’il lui survint des dysuries calculeuses. Je l’adressai à un habile chirurgien qu’il consulta. Celui-ci ayant exploré la vessie reconnut un gros calcul qu’il retira par l’opération de la cystotomie. Le malade allait mieux d’abord, mais il finit par mourir, peut-être sans qu’il eût une véritable goutte formée par le phosphate dans la vessie, du moins il n’en avait aucune preuve, puisqu’il y a des gouttes sympathiques par la correspondance des nerfs, ainsi que nous l’avons déja fait remarquer.

On observera que je n’ai ici parlé de ce malade que parce qu’il croyait d’abord n’avoir que la goutte, qui est moins formidable ou dangereuse que la pierre dans la vessie. J’ai