Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 12.djvu/288

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les accès sont moins dangereux qu’utiles pour détruire la cause de la goutte, comme Sydenham, Mead[1] et tant d’autres grands médecins l’ont dit.

Quant à la goutte qui provient, au contraire, accidentellement par d’autres causes, je la traite autant que je le puis selon sa nature, pour ne rien donner au hasard, et je ne suis pas sans quelque espoir de succès, non toujours pour sa complète guérison, mais pour atténuer, adoucir cette maladie en facilitant sa prolongation et son amendement, sans nuire jamais à la santé du malade.

C’est ainsi que j’ai prolongé la vie de plusieurs goutteux et sans leur avoir été jamais contraire. Ce n’est que lorsque des accès, ou des redoublements trop violents, m’inquiétaient pour la vie du malade que j’ai tâché de saisir les moments opportuns pour recourir à tel ou tel remède débilitant ou fortifiant selon l’état du sujet, et j’ose dire que j’en ai plusieurs fois très-heureusement profité.

J’ai fait connaître, dans mes mémoires sur plusieurs maladies ou ailleurs, les succès heureux des saignées dans des accès arthritiques très-violents avec pléthore sanguine ; et au contraire, du quinquina dans les cas de syncopes survenues pendant ou après les accès, comme dans les fièvres intermittentes, rémittentes, ou continues avec des redoublements, avec exaltation ou prostration des forces.

  1. Dolore enim pro instrumento utitur natura ; qui, quo acrior est, eo breviori tempore et tutius munere suo fungitur. Nonnunquam enim, quasi officium detrectans, lentè id agit ; et pro vario corporis habitu, perindè ac si medicinam suam divideret in plures dies cruciatum protrahit. Monit. et præcept. med. cap. xii, de podagra.