Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 12.djvu/302

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née des diverses sortes de dents, et qu’on fit choix dans cette vue de la considération de l’os intermaxillaire. Cependant cette prétendue amélioration fut moins proposée qu’immédiatement mise en pratique par l’école française, en 1795. Car jusque-là les naturalistes n’avaient pas songé qu’il pût y avoir des règles fixes pour la détermination des organes ; et en effet, à l’égard des trois sortes de dents, l’on se décidait dans chaque famille selon le caractère des faits différemment observés, en prenant sur chacun l’opinion qu’un sentiment plus ou moins profond de ce caractère faisait prévaloir. Une règle fut enfin posée : mais loin d’éclairer une pratique dans quelques cas fort incertaine, elle a eu, selon moi, le tort d’avoir inspiré une fausse sécurité et de devenir urguide trompeur. Or il m’appartient d’autant mieux de réclamer aujourd’hui contre ses fausses applications, que cette règle est de moi, et de l’associé[1] de mes travaux dans le commencement de notre carrière.

Nous avions été frappés de la difficulté de tracer une limite fixe entre les incisives et les canines. Leur forme variable d’une famille à l’autre montrait souvent d’extrêmes différences. Ne pourrait-on pas trouver pour ces dents des caractères qui en fussent indépendants ? voilà ce qui était désirable, et ce que nous nous empressâmes de chercher. Or, il nous parut que ce serait une donnée aussi constante que naturelle que le fait de l’implantation de ces dents dans leurs os propres[2] ; et

  1. M. le baron Cuvier.
  2. Qu’on ne doive point caractériser et dénommer les diverses sortes de dents d’après quelques circonstances de leur implantation dans le tissu osseux, cela résulte, judicieusement selon moi, des savantes recherches de M. de Blainville. Notre célèbre confrère a parfaitement établi (Organisation des animaux, tom. I, p. 37), qu’une dent est une production de la