Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 12.djvu/310

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des rongeurs, que l’on a jusqu’ici qualifiées d’incisives ; puis en définitive, chacun des deux systèmes est constitué et nourri par de propres vaisseaux et nerfs. Mais puisqu’il en est ainsi, n’est-ce pas que deux souches primitives sont l’origine des deux sortes de dents, et que par conséquent est là, pour chaque sorte, et se manifeste réellement une cause spéciale. Dans ce cas, plus de difficultés, puisque, comme seront spécialement les rameaux nerveux et vasculaires de chaque système, ne peuvent réciproquement manquer d’être spécifiquement distincts aussi les produits engendrés.

Revenons sur ces faits en ce qui concerne les dents de trois sortes ; car il est évident que nous aurons saisi leur fait de causalité ou le principe de leur condition spéciale, si l’observation précédente s’y applique. Or, j’ouvre un des livres les plus complets sur cette matière, l’Anatomie comparée du système dentaire, par M. le docteur Emmanuel Rousseau : et l’une des planches, le 22, qui représente la moitié d’une tête de sanglier, me donne, quant à la névrologie, le fait cherché, d’une manière très-satisfaisante. La dent canine (nommée défense, en raison de son volume, de son prolongement en dehors, et de l’utilité dont elle est pour l’animal) existe en partie sous la rangée des dents molaires. Du même névrilême, et au moment de son introduction dans le corps osseux, sortent trois divisions du nerf sous-maxillaire, lesquelles sont dans un ordre parfait de superposition. La branche supérieure passe sous la rangée des dents molaires, envoyant à chaque molaire son ramuscule : la branche intermédiaire plonge entière dans la racine de la canine, et enfin l’inférieure est répandue en dessous et tout le long de la défense, afin de fournir ses subdivisions, qui, chacune, se rendent sur les inci-