Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 12.djvu/314

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mon savant confrère, M. de Labillardière; il s’était procuré à Amboine, et il avait donné au Muséum d’histoire naturelle une chauve-souris céphalotte. J’insiste d’autant plus sur le fait de ces dents incisives absentes dans une chauve-souris où toutes les autres conditions de famille étaient maintenues, qu’une telle anomalie atteint un caractère d’une grande importance. Mais ici nous savons davantage : une autre circonstance tout-à-fait révélatrice est isolée ; nous apercevons distinctement que la non production de l’emplacement alvéolaire a motivé l’absence de dents, qui autrement s’y seraient trouvées insérées. C’est le cas de revenir sur l’explication déja donnée, que les vaisseaux nourriciers, employés à élargir et à grossir la tête, n’ont pu apporter assez de matériaux pour donner à la tête son allongement ordinaire. Voilà donc une observation qui place nettement, sous les yeux, ses faits de développement ; et alors, tout naturellement, les conséquences d’un tel arrangement sont, que là où les incisives se trouvent soustraites, les dents latérales, celles d’en deçà, les canines, tombent réciproquement l’une sur l’autre, et finissent, se portant un mutuel appui, par amener et vraiment reproduire le fait caractéristique des rongeurs.

Dans cette diminution progressive du museau des diverses roussettes, et encore mieux dans la totale suppression des dents incisives chez les céphalottes, la nature nous a en quelque sorte ménagé l’observation d’une organisation intermédiaire à l’égard des rongeurs : ce sont vraiment là des traits nuancés faisant passer les dents des trois sortes à celles des deux sortes, de manière à rendre, je le répète, pour ainsi dire visuel un fait de théorie. Et en effet, laissons Pallas caractériser les dents de sa chauve-souris des Moluques ; il s’exprime ainsi : In maxillâ inferiore dentes primores nulli,