Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 12.djvu/316

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

§ II.
Dents des quadrumanes anomaux.

A. Dans le tarsier, l’un des quadrumanes, la tête est entièrement sphéroïdale ; développement anomal qui provient de la réduction de la face au profit de la boîte cérébrale. L’exiguïté du museau a été obtenue par une extrême atrophie de l’artère maxillaire. Aucune incisive supérieure n’était plus possible, et les canines commencent ainsi les séries dentaires. Toutes les dents sont pressées et appuyées les unes sur les autres.

B. Ce même fait, d’une face ainsi sacrifiée pour qu’un grand volume du crane s’ensuivît, est reproduit plus en grand et se voit distinctement chez l’aye-aye. C’est un animal fort extraordinaire que, pour cette considération anomale, l’on s’était accordé, jusqu’en 1816, à placer parmi les rongeurs. En lui sont effectivement des dents comme dans les animaux de cette classe ; mais ce caractère cessa, en 1816, d’en imposer à M. de Blainville; lequel, à cette époque et dans son prodrome d’une nouvelle distribution du règne animal[1], crut devoir proposer de ramener l’aye-aye vers les quadrumanes nocturnes. Ce n’est plus pour lui un rongeur ; il le place près des loris et des nycticèbes. Je crois à la justesse de ce rapport, que l’habitude de sacrifier toutes autres considérations à l’indication des dents, avait fait méconnaître. À part ses dents de rongeur, l’aye-aye ressemble aux loris, aux tarsiers, aux galagos : ce sont mêmes ampleur et nudité des

  1. Bulletins de la Société Philomatique, année 1816.