Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 12.djvu/317

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oreilles, mêmes grandeur et disposition des yeux, même étendue du cerveau, et surtout des lobes postérieurs, qu’on sait tout autrement disposés chez les vrais rongeurs ; et enfin, ce qui devient décisif, mêmes pieds et pouce opposable aux autres doigts.

L’aye-aye donne l’idée d’un animal ambigu, chez lequel se trouvent ensemble des organes dont on n’eût sans doute jamais soupçonné que l’amalgame fût réalisable ; car chez lui se voient, en effet, savoir, dans la face, la plupart des organes des sens comme chez les makis, et sous la face au palais l’organe du goût et les dents conformés comme chez l’agouti et les porc-épics. Cependant, puisque là existent les éléments de deux types, et qu’ils s’y combinent sans perturbation, mais en conservant au contraire une parfaite harmonie dans les fonctions, c’est que l’anomalie constituant cet amalgame n’avait pas exigé une très-forte modification du système général des quadrumanes ; la suppression de la branche dentaire se rendant aux véritables incisives pour lors absentes, a pu causer tous les faits subséquents à cette suppression. En effet, il suffit d’un simple changement dans la relation et les formes de quelques parties, pour rejetter l’idée d’un désordre radical ; du changement que cause la suppression de l’un des trois nerfs dentaires, pour rendre compte au contraire de cette anomalie, puisqu’il est tout naturel que l’atrophie qui éteint les incisives, produit en revanche l’hypertrophie des dents canines : l’un de ces phénomènes est toujours la conséquence de l’autre. De cette manière l’aye-aye, qui reste à tous autres égards un quadrumane, tient de la suppression d’un rameau nerveux dentaire une seule modification, celle appelée à lui donner, sous le rap-