Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 12.djvu/327

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explication toute naturelle de l’avortement des cimes vasculaires et nerveuses de la troisième subdivision dentaire, et par conséquent de la suppression des dents incisives, où ces cimes devaient aboutir et porter la nourriture.

Voilà encore de la théorie ; mais elle est inévitable partout où vous voudrez étudier les faits à leur source de production, les voir se modifier dans leur génération successive, et partout enfin où vous voudrez rechercher dans chaque âge et par l’observation de leur développement la raison de leur existence définitive. Des faits, seulement des faits, voilà ce que l’on s’accorde à proclamer depuis quelque temps avec une affectation marquée. Cependant, pour n’en faire usage que comme de l’emploi zoologique des dents, pour se décider courageusement à n’y apercevoir qu’un témoignage bon à recueillir par le sens de la vue, en vérité mieux vaudrait, je crois, laisser ces faits dans les profondeurs où la nature les tient renfermés, que de les voir transportés dans les livres, où on leur fait perdre la savante ordonnance qu’ils ont dans les compositions animales. Et en effet ces matériaux incorporés dans l’organisation se trouvent là plus scientifiquement, y étant entourés de toutes les choses faisant corps avec eux ; ils y sont pour se manifester d’ensemble avec toutes leurs relations et apparaître aux yeux de qui ne se refusent pas à l’action des idées. Insister sur ce mot idée dans une critique dédaigneuse, c’est donner à entendre que l’on fait mieux que d’avoir des idées. Cependant si les nôtres n’étaient vraiment que le commentaire amplifié d’un savoir préalablement acquis, ne serions-nous pas dans le droit d’y chercher les racines de quelques découvertes ultérieures ? Vous craignez les idées à titre de préconçues, mais n’en est-ce point déja