aussi les jeunes élèves en pharmacie dans leurs herborisations, se mêlait à eux, et les étonnait par sa facilité à retenir les noms des plantes et même leurs caractères.
Tant d’application, et des succès réellement très-rapides pour un écolier si mal prépare, faisaient souvent le sujet des conversations de M. Cheradame. I en parla à notre célèbre confrère feu M. Fourcroy, son parent, qui, opprimé aussi dans sa jeunesse par la pauvreté, devait naturellement compatir au sort d’un jeune homme dont la position avait tant de rapport avec la sienne. Des offres modestes, les seules que, dans ce temps-là, il fût en état de faire, furent acceptées avec joie, et dès lors il s’ouvrit pour M. Vauquelin une carrière aussi brillante qu’auparavant il en avait eu une triste et sans espoir. Devenu par degrés l’aide, l’élève de Fourcroy, le compagnon assidu de tous ses travaux, enfin son ami intime, leurs deux noms sont unis pour un si grand nombre de mémoires, d’expériences et de découvertes, qu’ils demeureront inséparables dans l’histoire des sciences ; et, ce qui peut-être est plus remarquable encore, ce qui fait à l’un et à l’autre un honneur égal, c’est que, pendant plus de vingt-cinq ans aucune humeur, aucune vivacité n’ait, je ne dis dis pas altéré, mais refroidi un instant ce dévouement mutuel, dont les effets se sont même prolongés long-temps après la mort de Fourcroy.
Dès le premier moment, M. Fourcroy ne négligea rien pour compléter l’éducation de son élève ; il devint son précepteur, et il avait presque tout encore à lui apprendre. À mesure qu’il lui faisait connaître les bons auteurs anciens et modernes, qu’il lui formait le langage et le style, il l’introduisait dans le monde et le présentait aux hommes occu-