Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 12.djvu/554

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Nous n’avons pas besoin de dire que si tous ces titulaires avaient les mêmes droits, tous n’avaient pas les mêmes moyens d’en user d’une manière profitable. Les impôts ruineux dont on les avait grevés n’en laissèrent qu’un fort petit nombre en état de subvenir aux frais de l’exploitation d’étuves publiques, à une époque où la civilisation plus avancée exigeait qu’elles fussent tenues avec des soins plus recherchés. Cette cause eût suffi pour faire tomber une grande partie de ces établissements. Ceux qui se maintinrent, devenus l’objet d’entreprises dispendieuses, se trouvèrent réservés à l’usage exclusif des personnes riches et sensuelles.

On voit, dans la pièce de vers de Voltaire, intitulée le Mondain, et qui porte la date de 1736, que le bain pris chez les étuvistes, entrait dans les mœurs de ce temps-là, comme un complément des jouissances du luxe[1], à l’éloge duquel cette pièce est consacrée.


    du roi, pour éviter la création des quatre cent dix nouveaux confrères qu’il a.plu au roi de leur donner par augmentation.

  1. Mais du logis j’entends sortir le maître ;
    Un char commode avec graces orné,
    Par deux chevaux rapidement traîné,
    Paraît aux yeux une maison roulante,
    Moitié dorée, et moitié transparente :
    Nonchalamment je l’y vois promené :
    De deux ressorts la liante souplesse,
    Sur le pavé le porte avec mollesse.
    Il court au bain ; les parfums les plus doux
    Rendent sa peau plus fraiche et plus polie ;
    Etc.

    (Œuvres de Voltaire, édit. de Kehl, t. XIV, p. 113.)