Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 12.djvu/601

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semblent avoir été effrayés à l’aspect des difficultés attachées à la découverte de ce mécanisme..... et que la rapidité du coup d’œil qu’ils ont jeté sur l’objet ferait présumer qu’il a été pour eux inaccessible » ; et il ajoute, « qu’il ne propose lui-mème ses idées que comme des doutes, ou comme de simples conjectures[1] ». Malgré quelques travaux estimables qui ont paru depuis ce célèbre vétérinaire, et dont je parlerai bientôt, on peut dire qu’on en est absolument encore aujourd’hui, sur tout ce qui tient au mécanisme de la rumination, à douter et à conjecturer comme lui.

9. Cependant, si l’on considère, d’une part, les modifications si singulières que la rumination introduit dans la fonction digestive, et, de l’autre, l’influence si prononcée que ce mode de digestion exerce, soit sur la santé, soit sur les maladies des animaux chez lesquels on l’observe, animaux dont plusieurs espèces, depuis long-temps devenues domestiques, constituent, comme chacun sait, l’une des principales richesses de notre économie rurale, on conviendra qu’il est peu de phénomènes, soit en physiologie comparée, soit en pathologie vétérinaire, dont le mécanisme soit plus curieux et plus important à connaître ; et, par cette double raison, il m’a paru qu’il méritait bien que l’on entreprit enfin de le déterminer par la voie expérimentale.

10. J’ai donc soumis à de nombreuses expériences, et les plus directes qu’il m’a été possible, car, en tout genre, l’ex-

  1. Bourgelat, Éléments de l’art vétérinaire, t. II. (Recherches sur le mécanisme de la rumination.)