Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 12.djvu/85

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est cependant le seul qu’on associe à celui de Toricelli, en parlant des preuves de la pesanteur de l’air. Michell et Cavendish, au contraire, aux yeux des physiciens éclairés, ne partagent avec personne le mérite de leur célèbre expérience sur l’attraction des corps terrestres, quoique avant eux on eût bien souvent songé à la faire : ici, en effet, l’exécution était tout. Le travail de Volta, Lavoisier et Laplace, ne rentre ni dans l’une ni dans l’autre de ces deux catégories. Je l’admettrai, si l’on veut, un homme de génie pouvait seul imaginer que l’électricité concourt à génération des vapeurs ; mais pour faire sortir cette idée du domaine des hypothèses, il fallait créer des moyens particuliers d’observation, et même de nouveaux instruments. Ceux dont Lavoisier et Laplace se servirent étaient dus à Volta. On les construisit à Paris sous ses yeux ; il assista aux premiers essais. Des preuves aussi multipliées d’une coopération directe rattachent incontestablement le nom de Volta à toute théorie de l’électricité des vapeurs ; qui oserait, cependant, en l’absence d’une déclaration contraire et positive de ce grand physicien, affirmer que l’expérience ne fut pas entreprise à la suggestion des savants français ? Dans le doute, ne sera-t-il point naturel, en-deçà comme au-delà des Alpes, de ne plus séparer, en parlant de ces phénomènes, les noms de Volta, de Lavoisier, de Laplace ; de cesser d’y voir, ici une question de nationalité mal entendue, là un sujet d’accusations virulentes qu’on pourrait à peine excuser si aucun nuage n’obscurcissait la vérité ?

Ces réflexions mettront fin, je l’espère, à un fâcheux débat que des passions haineuses s’attachaient à perpétuer ; elles