Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 15.djvu/11

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
iij
DE M. CHAPTAL.


Les études du collége terminées, Chaptal se rendit auprès de cet oncle qu’il ne connaissait encore que par des bienfaits, et dans cette école de Montpellier qui a donné tant de grands hommes à la médecine et où florissaient, au moment même dont nous parlons, Barthez et Lamure pour la physiologie, Venel pour la chimie, et Gouan pour la botanique.

Les leçons éloquentes de Barthez excitaient, dans tous ceux qui l’écoutaient, une sorte de passion pour la physiologie. Entre les mains de ce génie profond, la science achevait de se dépouiller de toutes ces fausses doctrines, tour à tour empruntées à une mécanique, à une physique, à une chimie imparfaites. À la vérité, une sorte de métaphysique obscure y régnait beaucoup trop encore ; mais peut-être cette forme métaphysique était-elle aussi un de ces degrés par lesquels la science devait passer, avant d’atteindre à cet état positif qu’elle n’a dû qu’aux travaux de Glisson, de Frédéric Hoffman, surtout de Haller ; travaux à jamais mémorables, et qui ont enfin nettement posé le problème physiologique dans l’analyse directe des fonctions spéciales, des propriétés distinctes, de chacun des éléments divers qui constituent nos organes.

Il en est des sciences, ces produits de notre esprit, comme des produits mêmes de la nature. Elles ont leurs lois de développement, leur évolution ; et, comme ces insectes qui n’arrivent à leur état parfait qu’après avoir passé par celui de larve et de chrysalide, elles sont obligées de passer aussi par une certaine suite de formes subordonnées et transitoires, avant d’arriver à leur forme parfaite et définitive.

Chaptal partagea bientôt l’enthousiasme général pour

A2