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ÉLOGE HISTORIQUE

après, le firent appeler au Conseil d’État. Un jeune Général, couvert de palmes conquises sur les deux terres les plus célèbres de l’Europe et de l’Afrique, venait de donner une nouvelle forme à l’État. Son esprit perçant, son tact sûr, savaient découvrir, en tout genre, les hommes les plus capables. D’ailleurs, à cette première époque de sa carrière, il aimait l’éclat des sciences ; supériorité réelle qui avait survécu à tant d’autres supériorités factices ; et si, plus tard, il l’aima moins, c’est qu’il sentit que, précisément à cause de sa réalité même, cette supériorité-là était du très-petit nombre de celles qui ne dépendaient pas de lui.

Deux grands travaux signalent le passage de M. Chaptal au Conseil d’État : le premier, sur le perfectionnement des arts chimiques en France ; le second, sur l’organisation de l’instruction publique.

Jusqu’au commencement de ce siècle, les Français n’ont tenu que le second rang parmi les peuples manufacturiers de l’Europe ; cependant la nature avait tout préparé pour faire de la France la patrie des arts. D’où vient donc cette longue infériorité de l’industrie chez nos ancêtres ? M. Chaptal en voit deux causes principales : le préjugé qui, classant les fabriques parmi les métiers abjects, en détournait les talents et les capitaux ; et le mauvais système d’administration pour qui les fabriques n’étaient qu’une source d’impôts, et non ce qu’elles sont en effet, une des bases fondamentales de la prospérité publique.

Or, de ces deux causes, la première, au moment où l’auteur écrivait, en 1800, avait disparu ; la seconde est, par sa nature, une question de tous les temps.

À l’époque dont nous parlons, un gouvernement nouveau