Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 22.djvu/16

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qu’aux plus petits hameaux, non-seulement au chef de l’entreprise, mais encore aux simples matelots des caravelles, la Santa-Maria, la Pinta et la Niña, qui les premières touchèrent les rives occidentales de l’Atlantique, et dispensez-vous ensuite de chercher dans les écrits de l’époque quelle sensation les aérostats. produisirent parmi nos, compatriotes les processions de Séville et de Barcelone sont l’image fidèle des fêtes de Lyon et de Paris. En 1783, comme deux siècles auparavant, les imaginations exaltées n’eurent garde de se renfermer dans les limites des faits et des probabilités. Là, il n’était pas d’Espagnol qui, sur les traces de Colomb, ne voulût, lui aussi, aller fouler de ses pieds des contrées où, dans l’espace de quelques jours, il,devait recueillir autant d’or et de pierreries qu’en possédaient jadis les plus riches potentats. En France, chacun, suivant la direction habituelle de ses idées, faisait une application différente, mais séduisante de la. nouvelle faculté, j’ai presque dit des nouveaux organes, que l’homme venait de ,recevoir des mains de Montgolfier. Le physicien, transporté dans la région des météores, prenant la nature sur le fait, pénétrait enfin, d’un seul regard, le mystère de la formation de la foudre, de la neige, de la grêle. Le géographe, profitant d’un vent favorable, allait explorer, sans danger comme sans fatigue, et, ces zones polaires que des glaces amoncelées depuis des siècles semblent vouloir dérober pour toujours à notre curiosité, et ces contrées centrales de l’Afrique, de la Nouvelle-Hollande, de Java, de Sumatra, de Bornéo, non moins défendues contre nos entreprises par un climat dévorant que par les animaux et les peuplades féroces qu’elles nourrissent. Certains généraux croyaient se livrer à un travail urgent en étudiant les systèmes de fortifi-