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Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 22.djvu/17

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cation d’artillerie qu’il conviendrait d’opposer à des ennemis voyageant en ballon ; d’autres élaboraient de nouveaux principes de tactique applicables à des, batailles aériennes. De tels projets, qu’on dirait empruntés à l’Arioste, semblaient assurément devoir satisfaire les esprits les plus aventureux, les plus enthousiastes il n’en fut pas ainsi cependant. La découverte des aérostats, malgré le brillant cortége dont chacun l’entourait à l’envi, ne parut que l’avant-coureur de découvertes plus grandes encore : rien désormais ne devait être impossible à qui venait de conquérir l’atmosphère ; cette pensée se reproduit sans cesse ; elle revêt toutes les formes ; la jeunesse s’en empare avec bonheur ; la vieillesse en fait le texte de mille regrets amers. Voyez la maréchale de Villeroi octogénaire et malade, on la conduit, presque de force, à une des fenêtres des Tuileries, car elle ne croit pas aux ballons ; le ballon, toutefois, se détache de ses amarres ; notre confrère Charles, assis dans la nacelle, salue gaiement le public et s’élance ensuite majestueusement dans les airs. Oh ! pour le coup, passant, et sans transition, de la plus complète incrédulité à une confiance. sans bornes dans la puissance de l’esprit humain, la. vieille maréchale tombe à genoux, et, les yeux baignés de larmes, laisse échapper ces tristes paroles « Oui, c’est décidé, maintenant, c’est certain ; ILS trouveront le secret de ne plus mourir, et ce sera quand je serai morte ! »

Carnot, d’un esprit sévère, et d’ailleurs il n’avait pas quatre-vingts ans, se garda bien d’aller aussi loin que la maréchale de Villeroi. Il se fit remarquer cependant parmi les enthousiastes. Il croyait alors, il a toujours cru depuis à la possibilité de diriger les ballons, et conséquemment aux ap-