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éloge de m. delambre

Delille, qui enseignait les lettres dans le collége de cette ville, et qui devait bientôt illustrer son nom, distingua parmi ses disciples un enfant du caractère le plus doux, doué d’une mémoire prodigieuse, à qui les langues anciennes étaient déja familières. Il se plut à développer en lui les premiers germes du talent et du goût ; et, ce qui est une condition nécessaire de tous les succès durables, il inspira au jeune Delambre la passion des longues études. Ainsi se forma l’amitié généreuse et inaltérable qui unissait ces deux hommes célèbres.

Après le cours des premières études, il restait à poursuivre dans la capitale une carrière commencée sous de favorables auspices : mais cette nouvelle dépense excédait les ressources d’une famille qui avait à supporter des charges nombreuses. Heureusement cette famille avait fondé autrefois une place gratuite dans un des grands colléges de l’Université de Paris : la ville d’Amiens en disposa en faveur de M. Delambre. Le bienfait remonta vers sa source ; on ne pouvait pas lui donner une destination plus juste et plus heureuse : celui qui en était l’objet, n’avait pas cessé d’occuper le premier rang dans ses études littéraires, et il devait un jour honorer sa patrie par d’immortels travaux. L’élève de Delille obtint des succès éclatants dans tous les genres d’instruction classique ; il acheva le cours qui porte le nom de philosophie : mais il revint bientôt à cette littérature ancienne qu’il avait cultivée dès ses premières années.

Le temps destiné à la place qu’il occupait, s’était écoulé rapidement, et sa famille, obligée de subvenir à beaucoup d’autres dépenses, convaincue d’ailleurs que le talent devait suffire à tout, lui laissa le soin de pourvoir à son établisse-