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Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 4.djvu/339

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éloge de m. de beauvois.

lés en 1793 dans l’incendie du Cap-Français ; et des fruits de tant de pénibles travaux, il n’a échappé que les parties envoyées directement d’Oware à M. de Jussieu, qui les conservait précieusement, et les remit intactes à son ami après douze ans d’absence.

Tous les dangers ne cessèrent point pour M. de Beauvois quand il eut quitté l’Afrique. Un capitaine inepte et brutal fit durer la traversée cinq mois ; d’affreuses calamités accablèrent l’équipage ; on fut obligé de jeter à la mer cent quatre-vingts nègres morts de consomption ou de petite-vérole, sur deux cent cinquante que le vaisseau transportait. M. de Beauvois, traité avec barbarie par le capitaine, qui le croyait un espion des armateurs, fut attaqué du scorbut et d’une éruption de mauvaise nature. Il aurait infailliblement péri sans le boulanger du vaisseau, qui lui donna des soins. Enfin il arriva, le 28 juin 1788, au Cap-Français de Saint-Domingue, dans une si grande faiblesse, qu’un chirurgien, nommé Durand, ne voulut le recevoir chez lui que par charité, et pour ne pas le laisser mourir sans lui procurer au moins les secours de la religion.

La force de son tempérament semblait ne plus le retenir à la vie que pour quelques jours, lorsqu’il eut le bonheur d’apprendre que son oncle, le baron de la Valletière, était commandant du môle St.-Nicolas, et occupait dans le voisinage de cette place une habitation salubre. Il s’y fit transporter : le changement d’air, les soins de l’amitié, le repos le rétablirent peu à peu ; il trouva même tant d’agrément dans ce nouveau séjour, qu’il fit le projet de vendre toutes ses propriétés en France pour en acquérir en Amérique ; et n’ayant pu demeurer colon africain, il essaya de devenir colon de