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partie physique.

moelle des plantes comme partie essentielle de la végétation, il a voulu l’observer intrinsèquement : il lui a reconnu des propriétés physiques qui lui ont paru très-remarquables, et il a découvert, entre autres, qu’elle est douée d’un genre particulier d’élasticité. Si l’on détache, sur une branche plus ou moins ancienne, l’espace qui se trouve entre deux feuilles ce que l’auteur nomme mérithalle ; qu’on prenne le sureau pour exemple, attendu que c’est l’arbuste de nos climats dont la moelle est la plus ample ; qu’elle ait six pouces de long ; que, par le moyen d’une broche tenue du même calibre que la moelle, on presse celle-ci, elle cédera facilement en se tassant jusqu’à ce qu’elle soit réduite au sixième de sa longueur, d’un pouce, par conséquent : parvenue là, elle résiste davantage à la pression ; mais, avec un peu d’effort, elle cède tout-à-coup, et on la voit sortir, par une sorte d’explosion, en un cylindre de cinq pouces, Continuant la pression, elle sort tout entière, et se retrouve juste de sa longueur primitive, celle de six pouces. Dans cet état, quoique déjà très-légère, on s’aperçoit qu’elle contient encore une certaine quantité d’humidité ; elle ne tarde pas à la perdre, et parvient à un maximum de siccité : alors, si on la soumet de nouveau à la pression, soit sur sa hauteur, soit sur sa largeur, elle y obéit facilement jusqu’à un certain point ; c’est à peu près le même que celui qu’on avait trouvé lorsqu’on l’a chassée de son mérithalie. Lorsqu’on l’abandonne à elle-même, elle reste dans cet état de dépression : mais, si on la plonge dans l’eau, elle revient plus ou moins promptement, suivant le degré de chaleur de cette eau, à son premier volume ; si on la soumet de nouveau à la pression, elle revient tout de suite à son volume primitif, comme la première fois. On voit facilement que c’est parce qu’elle a repris de l’humidité : aussi redevient-elle susceptible de conserver la compression, lorsqu’elle l’a perdue.