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Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 7.djvu/204

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éloge historique

elle pas conduits aux désordres les plus avilissants ou peut-être à une mort misérable ! Pour lui, il montra le courage et la prudence d’un homme fait. Il se rendit tranquillement à Paris dans le quartier latin ; y loua un coin de grenier ; parcourut la ville pour trouver un architecte qui lui donnât des plans de jardin à copier ; consacra à ce travail une partie de ses nuits ; et, après avoir ainsi assuré sa subsistance, il employa les jours à suivre avec régularité les leçons du collége de France et du Jardin du Roi. Mais il ne se borna pas à ces premières précautions. La beauté de ses dessins, la fidélité qu’il mettait à les exécuter au temps convenu, lui procurèrent beaucoup d’ouvrage. Petit à petit on le chargea de diriger par lui-même l’exécution des plans qu’il avait tracés ; et, en même temps qu’il faisait ainsi des profits considérables, il mit tant d’ordre et d’économie dans sa manière de vivre, qu’au bout de quelques années, ne demandant plus même à son père le misérable subside qui lui avait été promis, non-seulement il s’était soutenu avec décence, il avait accumulé plus de 80,000 livres.

Mais ses épargnes avaient le même but que ses études ; elles se rapportaient toujours à la botanique. Ainsi que la plupart des hommes épris de l’amour de la nature, il voulut agrandir la sphère de ses observations, et aller chercher des plantes nouvelles dans les pays lointains. C’était pour atteindre ce but, sans être à charge à personne, qu’à quinze et dix-huit ans, et au milieu de Paris, il menait la vie d’un anachorète, et ne se donnait d’autre délassement que de changer de travail. Il ne manquait surtout à aucune des leçons et des herborisations de Bernard de Jussieu, de cet homme le plus modeste et peut-être le plus profond des botanistes du