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Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 7.djvu/638

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pour former une ligne continue, dirigée de la pointe de Querqueville à l’île Pelée, en laissant aux extrémités deux passes, l’une à l’est, de mille mètres d’ouverture, l’autre à l’ouest d’environ deux mille quatre cents mètres.

Pour assurer la stabilité de ces caisses, elles devaient être remplies de pierres après leur immersion ; on pensait que, par cette disposition, elles diviseraient comme une clairevoie l’action de la mer, quand elle serait agitée par les vents du large, et qu’ainsi elles procureraient du calme dans l’intérieur de la rade.

Quelques expériences préliminaires parurent ne laisser aucun doute sur la réussite de ce projet.

La construction des cônes sur la plage, leur mise à flot, leur remorque et leur immersion, offraient une suite d’opérations dont la hardiesse et la nouveauté excitèrent vivement la curiosité publique. On se souvient encore du haut intérêt qu’elles inspirèrent. Malheureusement le succès ne répondit point aux espérances qu’on en avait conçues. Des tempêtes consécutives détruisirent les premiers cônes qui avaient été coulés suivant le système de leur inventeur ; on fit remarquer alors qu’en continuant de le suivre, il faudrait pour mettre la digue à perfection vingt années de travaux et quatre-vingts millions de dépenses : considérations puissantes qui déterminèrent à prendre un autre parti.

On décida d’abord que les cônes laisseraient entre eux un intervalle de soixante mètres qui serait rempli par une portion de digue à pierre perdue ; on porta bientôt cet intervalle à deux cents mètres ; enfin, après avoir ainsi livré dix-huit caisses coniques isolées et qui n’avaient pu être complètement remplies, à l’action des vents et de la mer, on finit, en 1789,