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Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 7.djvu/713

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celle du moyen âge, cette hypothèse n’a commencé à prendre quelque consistance que depuis la découverte des lois du système du monde. Descartes, Halley, Leibnitz, Mairan, Buffon surtout, et plusieurs autres philosophes des temps modernes, l’avaient adoptée, en se fondant principalement sur des considérations déduites, soit de la figure de la terre, soit de certains phénomènes astronomiques, soit de la mobilité du principe souterrain qui produit les actions magnétiques, soit de la comparaison des températures superficielles avec celles observées à de petites profondeurs, soit enfin de diverses expériences sur le refroidissement des corps incandescents.

Ces inductions ne constituant pas un corps de démonstration assez directe pour entraîner la conviction, beaucoup de savants, contemporains de ceux que nous venons de citer, restèrent indécis ; plusieurs soutinrent l’ancienne opinion qui n’attribuait à la terre d’autre chaleur que celle qu’elle peut tenir des rayons solaires. Cette dernière opinion finit même par prévaloir presque entièrement. Elle dut en grande partie ce succès à l’influence du célèbre système géologique né vers le milieu du siècle dernier, dont Pallas, de Saussure et Werner ont été les promoteurs principaux, et qui, pendant longtemps, a dominé sans contradicteurs. Ce système supposait que la liquidité originaire du globe n’a eu lieu que par l’intermède de l’eau ; que toute la masse s’est solidifiée couche par couche, du centre à la circonférence, par voie de cristallisation aqueuse ; et que les phénomènes volcaniques sont de purs accidents tout-à-fait locaux.

L’état des choses a bien changé depuis quelques années. Ce changement, qui s’est exécuté avec une extrême lenteur, tant les meilleurs esprits étaient prévenus, remonte à la fin