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Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 8.djvu/106

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ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE VÉGÉTALES.

Chacun a pu remarquer que les vieux arbres peuvent perdre leur moelle sans en périr, et il n’est personne qui n’ait vu des troncs d’ormes ou de saules creusés par la pourriture de tout leur intérieur, et n’en produisant pas moins chaque année des feuilles et des branches. Mais M. Dupetit-Thouars désirait de savoir s’il en était de même dans les jeunes pousses dont la moelle est encore verte et enveloppée seulement d’une couche ligneuse tendre, et il éprouvait quelque embarras sur la manière la plus concluante de faire cette expérience, lorsqu’un petit insecte, le callidium populeum, lui a donné une solution du problème. C’est un coléoptère dont la larve se loge dans l’épaisseur des jeunes pousses du peuplier blanc, en dévore la moelle et en écarte les parois ligneuses et corticales, de manière à produire dans la pousse un renflement dont les traces subsistent pendant quelques années. Ces pousses ne souffrent pas sensiblement de l’altération que cet insecte leur fait éprouver dans une partie que l’on pouvait croire si essentielle.

On sait depuis long-temps que plusieurs des parties des végétaux sont essentiellement de même nature et peuvent se changer les unes dans les autres ; que les étamines se changent en pétales dans les fleurs doubles, que les pétales se changent en feuilles, que les pistils eux-mêmes prennent cette forme ; et Linnæus, dans une belle dissertation, a établi sur ces faits une théorie d’après laquelle la fleur tout entière n’est que le développement simultané de toutes les parties