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Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 8.djvu/138

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L’argonaute est un de ces mollusques céphalopodes qui se tient dans une coquille mince et élégante, de la forme d’une nacelle, et qui pratique une véritable navigation, s’élevant à la surface de l’eau, se servant d’une partie de ses bras pour ramer, et d’une autre pour gouverner, en ayant même deux qui sont dilatés à leur extrémité, et qu’il relève, dit-on, pour s’en faire une sorte de voile. Sa manœuvre est si remarquable, qu’elle a été connue et décrite dès le temps des anciens ; mais il s’est élevé à son sujet, dans ces derniers temps quelques contestations. Sa coquille n’adhérant point à son corps par des muscles, n’ayant même aucune de ces empreintes musculaires que l’on voit dans d’autres testacés, quelques naturalistes en ont conclu qu’elle ne lui appartient pas, mais que c’est celle d’un autre mollusque inconnu, dont l’argonaute s’emparerait pour y faire sa demeure, comme l’écrevisse connue sous le nom de bernard-l’ermite s’empare des coquilles vides des turbo, des buccins et de plusieurs autres univalves.

M. de Férussac a combattu cette opinion ; outre le peu de vraisemblance qu’une coquille si commune ne se soit jamais trouvée avec son véritable animal, il fait remarquer que le défaut d’empreinte musculaire servirait également de motif pour refuser cette coquille à tout animal quelconque, et qu’elle ne prouve rien de plus contre le mollusque qui l’habite constamment que contre tout autre.

L’usage des sangsues est devenu si général, qu’elles forment maintenant un article de commerce assez important. La fraude s’est mêlée quelquefois à ce commerce comme à tant d’autres ; mais il est arrivé aussi que l’on a attribué à la fraude des accidents purement naturels.