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Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 8.djvu/172

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particulières des molécules et des divers groupements qu’elles contractent, doivent nécessairement résulter des formes totales déterminées ; on trouve même que s’il y a quelque chose en minéralogie qui puisse représenter l’individu, ce sont ces formes totales, quand elles offrent un ensemble régulier, un cristal en un mot, puisque au moins au moment où ce cristal s’est réuni, toutes les molécules qui le constituent ont dû concourir à un mouvement commun, et se grouper d’après une loi qui leur commandait à toutes. Or, rien ne prouve que dans ce mouvement commun, il n’ait pu être entraîné des molécules d’une autre nature qui se trouvaient par hasard dans la même sphère d’action ; ni que des éléments, des atômes identiques dans leur nature, au moment où ils ont contracté leur première union, n’aient pu se grouper. en molécules cristallines diverses ; et ce que l’esprit conçoit comme possible, l’expérience l’a fait connaître comme réel : il est donc manifeste que dans ces deux cas l’analyse chimique ne donnerait que des idées incomplètes du minéral, et ne serait point en rapport avec ses propriétés les plus apparentes.

Telles sont sans doute les vues dont M. Haüy ne se rendait peut-être pas un compte bien exact à lui-même, mais qui guidaient en quelque sorte son génie, ou si l’on veut son instinct scientifique, et qui l’engagèrent à mettre en première ligne la cristallisation dans toutes ses déterminations d’espèces minéralogiques.

On peut dire que toutes les découvertes et les observations faites dans ces dernières années, même celles que l’on a considérées comme des objections contre cette règle fondamentale, en sont plutôt des confirmations.