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Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 8.djvu/173

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Ce que nous venons de dire, par exemple, de la force cristallisante et du pouvoir qu’elle a d’entraîner des molécules étrangères avec les molécules essentielles, est si vrai, qu’elle entraîne les premières quelquefois en beaucoup plus grande quantité, en sorte qu’une même espèce minéralogique, telle que le fer spathique, qui fondamentalement n’est qu’un spath calcaire, une chaux carbonatée, peut contenir du fer au quart, au tiers de son poids, et devenir ainsi pour le métallurgiste, au lieu d’une simple pierre, une véritable mine ; que le spath muriatique, qui n’est aussi qu’un spath calcaire, peut envelopper des grains de grès au point de ne contenir presque autre chose ; le tout, sans que les angles de ses cristaux changent d’une seconde.

Il en est absolument dans nos laboratoires comme dans celui de la nature. M. Beudant, en faisant cristalliser un mélange de deux sels, a vu l’un des deux contraindre l’autre à se mêler à ses cristaux, en proportion beaucoup plus grande qu’il ne s’y trouvait lui-même. Lequel des deux doit caractériser le minéral ? Est-ce le plus abondant ? Non sans doute ; car, excepté cette abondance, tous les caractères du produit sont donnés par l’autre.

Il n’est pas moins certain que la même substance prend quelquefois au moment où elle se forme en cristaux, où elle s’individualise, s’il est permis d’employer cette expression, une forme très-différente de celle qui lui est ordinaire. Tous les efforts des chimistes n’ont pu trouver d’essentiel dans l’arragonite que la même chaux carbonatée dont se compose aussi le spath calcaire ; car la petite portion de strontiane qu’on a découverte dans la première ne peut y être considérée que comme accidentelle ; et cependant l’arragonite cris-