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Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 8.djvu/174

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tallise en octaèdre et le spath en rhomboïde. Et ici l’art de l’homme parvient également à imiter la nature, et même à faire, quand il lui plaît, ce que la nature fait rarement. Des expériences récentes de M. Mitscherlich paraissent prouver que l’on peut faire prendre à volonté, à certains sels, des formes cristallines élémentaires différentes, suivant les circonstances dans lesquelles on les fait cristalliser. Mais dans le petit nombre de cas où la nature a produit elle-même de telles différences, doit-on ne faire qu’une espèce de ces cristallisations diverses ? Alors il faudrait aussi n’en faire qu’une de presque tous les animaux à sang chaud ; car ils sont aussi identiques dans la nature chimique de leurs éléments, que les deux pierres que nous venons de nommer. Un aigle et un chien ont la même fibrine dans leurs muscles, la même gélatine dans leurs membranes, le même phosphate de chaux dans leurs parties osseuses. Comme le spath calcaire et l’arragonite, ils ne diffèrent que par la forme que ces matières ont prise au moment où elles ont constitué des individus.

Je prie de remarquer que je n’entends nullement que l’analyse chimique des minéraux doive être négligée, et ce n’était pas non plus à beaucoup près l’opinion de M. Haüy. Cette analyse est tout aussi nécessaire à leur connaissance que la détermination de leur forme : elle est beaucoup plus utile par rapport à leurs usages. Ce que M. Haüy soutenait, c’est qu’elle est généralement impuissante pour déterminer leurs espèces, parce qu’elle n’a pas de moyens sûrs de distinguer les substances accidentelles des essentielles ; parce qu’elle n’est pas en état, pour certaines classes de pierres, d’affirmer qu’elle connaît leurs éléments, et que chaque