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Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 8.djvu/176

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On peut dire en un mot, que M. Haüy est à Werner et à Romé Delisle, ce que Newton a été à Képler et à Copernic.

Mais ce qui lui est tout particulier, c’est que son ouvrage n’est pas moins remarquable par sa rédaction et la méthode qui y règne, que par les idées originales sur lesquelles il repose. La pureté du style, l’élégance des démonstrations, le soin avec lequel tous les faits y sont recueillis et discutés, en auraient fait encore un ouvrage classique, quand il n’aurait contenu que la minéralogie la plus ordinaire. M. Haüy s’y montre habile écrivain et bon géomètre autant que savant minéralogiste ; on voit qu’il y a retrouvé toutes ses premières études ; on y reconnaît jusqu’à l’influence de ses premiers amusements de physique ; s’il faut apprécier l’électricité des corps, leur magnétisme, leur action sur la lumière, il imagine des moyens ingénieux et simples, de petits instruments portatifs le physicien y vient sans cesse au secours du minéralogiste et du cristallographe.

Il est dans les sciences des rangs qui sont marqués aussitôt que les titres en sont produits, et tel est celui où M. Haüy s’est placé sans contradiction, le jour où il a fait paraître son ouvrage.

Cependant à la mort de Daubenton, ce fut Dolomieu, et non pas M. Haüy, qui fut nommé professeur de minéralogie au Muséum d’histoire naturelle ; mais Dolomieu, arrêté contre toutes les règles du droit des gens, gémissait dans les cachots de la Sicile ; on n’avait de lui pour tout signe de vie que quelques lignes, qu’enchaîné dans un souterrain étroit il était parvenu à écrire avec un éclat de bois et la fumée de sa lampe, et que l’ingénieuse humanité d’un Anglais avait su, à force d’or, se faire remettre par le geôlier. Ces lignes parlèrent en