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Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 8.djvu/177

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sa faveur autant que tous ses ouvrages, et l’un de ceux qui sollicitèrent le plus vivement pour lui, ce fut le rival qu’il devait craindre le plus, ce fut M. Haüy.

On aurait pu croire que de pareils témoignages, et rendus par de tels hommes, auraient adouci les bourreaux de Dolomieu ; mais combien de gens en pouvoir, lorsqu’une passion momentanée les excite, ne s’informent pas plus des sentiments de leurs contemporains qu’ils ne prévoient l’indignation de la postérité ? Dolomieu ne sortit de son souterrain que par un article du traité de paix ; et une mort prématurée, fruit des traitements qu’il avait subis, ne rendit que trop tôt à M. Haüy la place à laquelle celui-ci avait si généreusement renoncé. Il y fut nommé le 9 décembre 1802.

Dès-lors cette partie de l’établissement a pris une vie nouvelle ; les collections ont été quadruplées ; il y a régné un ordre sans cesse conforme aux découvertes les plus récentes, et l’Europe minéralogique est accourue non moins pour observer tant d’objets si bien exposés, que pour entendre un professeur si élégant, si clair, et surtout si complaisant. Sa bienveillance naturelle se montrait à toute heure envers ceux qui avaient le désir d’apprendre. Il les admettait dans son intérieur, leur ouvrait ses propres collections, et ne leur refusait aucune explication. Les étudiants les plus humbles étaient reçus comme les personnages les plus savants, et comme les plus augustes, car il a eu des élèves de tous les rangs.

L’’Université, lors de sa fondation, crut s’honorer en plaçant le nom de M. Haüy sur la liste d’une de ses facultés ; elle n’en attendait point de leçons, et lui avait donné au même instant un adjoint très-digne de lui, M. Brongniart,