Aller au contenu

Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 8.djvu/178

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

aujourd’hui membre de cette académie, et qui lui a succédé au Muséum d’histoire naturelle. Mais M. Haüy ne voulait pas porter un titre sans en remplir les devoirs. Il faisait venir chez lui les élèves de l’école normale, et, dans des conversations aimables et variées, les initiait à tous ses secrets. Il reprenait alors sa vie de collége, jouait presque avec les jeunes gens, et surtout ne les renvoyait jamais sans une ample collation.

Ainsi se passaient ses journées ; ses devoirs religieux, des recherches profondes suivies sans relâche, et des actes continuels de bienveillance, surtout envers la jeunesse, les occupaient tout entières. Aussi tolérant que pieux, jamais l’opinion des autres n’influa sur sa conduite envers eux ; aussi pieux que fidèle à ses études, les plus sublimes spéculations ne l’auraient détourné d’aucune pratique prescrite par le rituel ; du reste, ne mettant aux choses de ce monde que le prix qu’elles pouvaient avoir aux yeux d’un homme pénétré de tels sentiments. Par la nature de ses recherches, les plus belles pierreries de l’Europe ont passé sous ses yeux, et même il en a donné un traité particulier[1] ; il n’y a jamais vu que des cristaux ; un degré de plus ou de moins dans quelque angle d’un schorl ou d’un spath, l’aurait à coup sûr intéressé plus que les trésors des deux Indes : et même si l’on a pu lui reprocher d’avoir mis à quelque chose un attachement trop vif, c’est à ces idées sur cette matière. Il s’y concentrait entièrement ; ce n’était qu’avec impatience qu’il s’en voyait détourné par des objections ; son

  1. Traité des caractères physiques des pierres précieuses, 1 vol. in-8o. Paris, 1817.