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ÉLOGE HISTORIQUE

riences de MM. Thenard et Gay-Lussac, les conceptions élevées de M. Ampère, et toute la force de logique de M. Davy, pour que l’on permît à la chimie de faire ce nouveau pas.

De pareils exemples peuvent consoler bien des amours-propres : ce que nous désirerions, surtout, ce serait qu’ils missent en garde contre une résistance naturelle à l’esprit humain, qui sans doute a été utile quelquefois en repoussant de vains systèmes, mais qui en mainte occasion a opposé aussi aux progrès des sciences des obstacles plus durables que ceux dont nous venons de parler.

Le peu de succès qu’eut alors M. Berthollet est une chose d’autant plus notable, que déjà, de l’aveu général, il avait pris son rang parmi les premiers chimistes. C’est de 1785 que date la découverte qui le lui donna, celle que l’alcali volatil est un composé d’un quart à peu près d’azote, et de trois quarts d’hydrogène[1], et surtout que le caractère des substances animales est d’avoir l’azote pour l’un des principes essentiels de leur composition[2] : découverte qui, jointe à celle de Cavendish sur l’acide nitreux, compléta le système de la nouvelle chimie dans tout ce qui paraissait alors nécessaire pour satisfaire aux phénomènes connus.

Nous avons vu dans l’éloge de Cavendish le singulier hasard qui rapprocha ces deux belles expériences, et qui fut tel que Cavendish, ayant annoncé la sienne dans une lettre à M. Berthollet, reçut de celui-ci, par le courrier d’après, la nouvelle de celle qu’il venait de faire.

  1. Mémoire lu le 11 juin 1785, imprimé parmi les Mémoires pour cette année en 1788, page 316.
  2. Impr. ibid., p. 331. Lu en décembre 1785.