mettait à faire prévaloir les choses auxquelles il avait le plus de part.
M. Berthollet était académicien avant cette époque ; il avait été élu, en 1780[1], à la place de Bucquet, et de préférence à Fourcroy, à Quatremère d’Isjonval et à d’autres concurrents qui ont été admis plus tard.
Il avait eu moins de succès dans un autre concours. M. de Buffon, en 1784, lui avait préféré Fourcroy pour la chaire vacante, au Jardin du Roi, par la mort de Macquer. Quelques méchants accusèrent alors Buffon de s’être déterminé parce que le duc d’Orléans ne l’avait point sollicité d’une manière qui satisfit son amour-propre : mais, si un motif aussi puéril fut capable d’agir sur lui, on doit convenir qu’il l’inspira mieux que n’auraient pu faire les réflexions les plus suivies. M. de Buffon et l’Académie firent chacun ce qu’ils devaient. M. Berthollet fut porté à l’Académie parce qu’il enrichissait la science par des recherches profondes, et Fourcroy fut nommé professeur parce que le charme inexprimable attaché à son élocution le rendait plus capable qu’aucun autre d’en inspirer le goût et d’en propager l’étude. Ce sont vraiment ses leçons continuées et multipliées pendant trente ans, suivies par des milliers d’auditeurs qui ont rendu la chimie populaire. M. Berthollet, peu méthodique dans ses Mémoires, peu disposé à se mettre à la portée des commençants, et qui n’avait aucune facilité à parler, la servait dans son laboratoire, mais ne l’aurait jamais répandue. On en eut la preuve, en 1795, lorsqu’il fut chargé de l’enseigner à l’École normale[2]. Le respect que cette grande assemblée por-